Manifeste.personnel
Implicitement moi-même. Doutes, sourires, expertises et expériences...
Mardi 3 mai 2011 à 20:32
Samedi 27 novembre 2010 à 10:29
Putain, j'ai des acouphènes de malade.
Ou alors c'est juste qu'on est toujours en train de tailler sur moi, et du coup mes oreilles sifflent à m'en percer les tympans.
Tu veux pas, on joue à un jeu ?
Oh, ne t'inquiètes pas, les règles sont simples, tu sembles les avoir toujours appliquées.
On n'a qu'à habiller les gens autour de nous pour l'hiver, leur tailler un costard, les descendre plus bas que terre, cracher sur eux. En parler mal, quoi.
Fais pas cette tête-là, je vois bien que tes yeux brillent, tu n'attends que le fait que je commence.
Parce que c'est ça, hein ?
Trop lâche pour dire clairement les choses, tu attends un signal qui t'annonce que la voie est libre. Que tu peux cracher ton venin.
Ca y est, tu te sens accompli?
Et j'en rajoute une couche, ce qui t'encourage à enchérir encore et de fil en aiguille ce qui n'était qu'une moquerie s'est alourdi jusqu'à devenir un véritable procès en règle.
Parce qu'à alourdir ainsi les gens, à n'en faire que des objets que j'examine sous toutes les coutures pour n'en voir que les défauts, je m'assure de toi. C'est simple. Plus je vomis les autres avec toi, plus je m'assure que tu ne diras pas de mal de moi. Pourquoi donc ? Ben parce que c'est trop risqué, voyons... Si jamais j'en entendais malencontreusement parler, qui sait si je ne me vexerai pas et déciderait alors de balancer toutes les ignominies que tu as pu dire ?
Bon, bien sûr, le risque vaut pour moi aussi. Mais après tout, si je m'y prends bien, je pourrais toujours faire entendre que tu es un parfait hypocrite, et alors je m'assure contre toi encore une fois.
Là où tu es ennuyé, c'est quand une âme naïve croise ton chemin, car si elle t'entend elle sera assez bête pour te croire. Car tu ne penses pas tout ce que tu dis. Seulement descendre les autres est un procédé social qui permet de manière assez facile de s'élever dans un groupe, alors pourquoi s'en priver ? Mais si quelqu'un le croit, et ne respecte pas les règles, étant par conséquent potentiellement capable de franchise, que faire ? A part faire semblant, lui donner de fausses raisons, lui expliquer ce qui n'a pas lieu d'être, ou le discréditer ?
On n'est jamais à l'abri de l'honnêteté en fait.
C'est fatiguant.
Samedi 25 septembre 2010 à 21:51
Est-ce bien toi ?
Est-ce que tu es vraiment cet être dont j'espère l'existence malgré aucune preuve et que je cherche depuis petite ? Es-tu vraiment celui à qui j'ai adressé en vain des « où es-tu ? » déchirants dans l'espoir que la lune me donnerait une réponse ? Celui qui peuplait mes prières quand j'étais croyante, qui me rendait impatiente de dormir enfin car dans mes rêves tu m'accompagnais, celui que je traquais partout, sans pourtant connaître ni le visage, ni le nom, ni même le genre ? Celui que je croyais parfois déceler dans un discours, une attitude, avant de me rendre compte de l'incompatibilité du reste avec le modèle que tu étais ?
Et en même temps, si tu ne l'es pas, alors comment expliquer la sensation de bonheur inexplicable qui m'a saisi pour ensuite ne me lâcher qu'avec ton départ, comment expliquer que je n'ai jamais cherché à te mentir ? Comment expliquer ma gêne, moi qui suis toujours en train de créer mon propre show, et qui me trouvait cependant intimidée, comme confrontée à quelque chose que l'on a trop espéré pour ne pas le craindre un peu ? Comment expliquer, surtout, que je t'ai laissé mes mains, sans les retirer ni même frémir ? Que je n'ai pas senti ce frisson qui parcourt ma colonne à chaque fois qu'il y a contact, me raidissant indéniablement et empêchant toute effusion ou tout mouvement d'affection, plus proches de la brûlure qu'autre chose ? Que je n'ai pas serré les dents alors que tu parcourais du doigt les lignes d'une vie qui tu penses sera la mienne ?
Et pourtant nous sommes si différents. Toi sans aucun diplôme à 20 ans, moi la petite précoce en prépa. Toi l'apatride qui a parcouru la moitié du monde, moi la franco-française qui n'a jamais voyagé que dans un cadre ultra-sécurisé. Moi celle qui croit plus par espoir que par conviction, en face de toi dont le bouddhisme a codé tout les comportements. Ta passion intarissable pour l'ésotérisme face à mon esprit on ne peut plus cartésien.
Ou alors ça n'a aucun rapport.
Puisque malgré ces différences, j'ai l'impression que tes paroles trouvent un écho en moi, parfois d'une manière que je n'aurai pas imaginé. Puisque je ne peut ôter de ma tête l'idée qu'on se ressemble, au delà de...
Puisque je suis certaine que c'est toi, mon alter-ego.
Samedi 1er mai 2010 à 16:55
« Blablabla... Titaua est «plus sensible que les autres». Mais tu sais ce qu'il ressente les autres ? T'as comparé ? Enfin, elle l'a décidé, alors on la laisse dire. Et puis, du coup, à la douche, après,j'me suis un peu foutue de sa gueule tu vois, parce que, en fait, Astrid avait ma serviette et j'lui ai dit : «Dépêche-toi, moi je suis plus sensible au froid!» Mais bon, elle a pas trop entendu, elle était plus loin ... Blablabla... Et Elliot, au truc des mimes là, nan, tu mimes pas mais tu fais ce qui t'as le plus marqué, tu sais ? Ben là, il m'a imité. C'était trop drôle ! Parce que jeudi, tu vois, on était... Blablabla... »
Je la regarde, souris et hoche la tête au moment opportun, j'interviens par monosyllabe quand c'est nécessaire. Pas besoin de plus, elle est lancée sur le sujet, et son discours ne se tarira pas de sitôt.
Mais il ne faut pas croire que cela ne m'intéresse pas, que je me contente de subir son babillage par politesse. Au contraire, je suis toute ouïe et bois ses paroles, qu'elle a la bonté de déverser en flots continus, avec de courtes pauses pour se permettre de respirer, mais une demi-seconde s'écoule et déjà ce flux de souvenirs encore frais jaillit. Et je m'en fais le plus attentif des réceptacles, tout en sentant, au creux de ma gorge, un noeud se former. Je m'en détourne pour me passionner encore des aventures palpitantes vécues grâce au mini-camp par ma cadette, mais bientôt je n'arrive plus à ignorer cet amas me donnant mal au coeur. Formé de mes nombreux remords, innombrables regrets, entouré d'une immense nostalgie impossible à faire disparaître, cette boule me donne mal au coeur, et bientôt je sens les prémices des larmes. Heureusement, elle part à la douche, et arrête le supplice autodestructeur dans lequel je m'enfonçais consciemment.
Cependant, tout en entendant l'eau couler de l'autre côté de la porte, j'erre, incapable de réaliser quoi que ce soit, refusant de réfléchir, anesthésiant mes sentiments pour ne pas vomir de douleur. Impatiente, je tourne en rond, moi qui ne suis justement plus lion, mais toujours en cage. Je veux la suite, j'en veux encore, je m'estime dans le droit de tout savoir, j'exige d'arracher encore un peu de cette vie, par procuration.
Quand elle revient, en peignoir, dans ma chambre, son babil reprend et mon attention n'a pas faibli. Passage en revue réglementaire et apparemment obligatoire de tous les bleus et autres cicatrices récoltés avec le sourire par cette warrior qu'est ma petite soeur. Sioule, ronces, croutes portée seule alors que l'unité se passionne pour une souris... Elle me fait penser à moi, c'est prétentieux, horrible, et évidemment il m'est impossible de lui dire. Même les conseils que j'aimerais lui donner, afin de lui éviter des souffrances inutiles, pour qu'elle se fasse enfin respecter, ne répète pas les mêmes erreurs, je ne peux les énoncer sans me sentir d'une vanité plus qu'idiote. Ce n'est pas ma place.
« A table ! »
Elle s'interrompt, et alors qu'elle me regarde, gentiment, comme toujours, je sens soudain sur mes épaules peser le poids d'une immense solitude. Et parce qu'il ne nous est jamais possible de retourner en arrière, je ne suis pas sûre qu'elle me quitte un jour.
Dimanche 7 mars 2010 à 21:21
On n'a pas voulu me croire. Je jouais soi-disant les oiseaux de mauvaises augures. En réalité mon rôle s'apparentait plus à celui de Cassandre, même si je ne me savais pas avoir commis de crime de lèse-divinité pour mériter ce sort. Si je n'avais pas été aussi déçue, j'en aurais presque ri. Jaune. De cette satanée ironie. Moi qui savais pertinemment qu'on se berçait d'illusions, moi qui avait tenté de les dissuader, voulant éviter un massacre hautement prévisible, puis qui, finalement, devant l'enthousiasme général, s'était convaincue d'y croire aussi, afin de ne pas dénaturer ce bel optimisme. Après tout, qui sait, si on y croyait, peut-être que cela deviendrait possible.
Bam.
La réalité. En pleine face. Indiscutable. Et même un petit peu plus noire que prévue, comme pour se venger qu'on ait pu croire y échapper, même sur un sujet aussi insignifiant.
« Personne ne s'amuse. »
Nan, tu as raison, personne ne s'amuse. Mais tu as de la chance si tu le découvres seulement maintenant. Car il y a bien longtemps, pour ma part, que je ne m'amuse plus. Est-ce à cause de cela que je joue ? Qui sait ? Ca me tuerait, tout de même. De savoir que même ça, tu en es à l'origine. Un peu plus et je croyais au déterminisme, avec toi comme unique cause de tous mes comportements. Le pire est sûrement que je me sens être dans le vrai, et ça m'horrifie.